En 2016, je suis revenu en vacances à Cannes afin de m’assurer que je pourrais revenir vivre dans ma ville de cœur, ville que j’avais quittée en décembre 2004 pour Saint-Barth. J’ai retrouvé Cannes métamorphosée, plus belle encore, plus propre, plus agréable à vivre. La réponse était évidente pour moi et, quelques mois plus tard, j’étais de retour à Cannes après treize ans d’absence.

Cannes sous l’oeil de Nikos Aliagas pour son exposition cannoise « Thalassa : peuple de la mer » en présence de David Lisnard. (lire l’article ici : https://lemag.cannes.one/cannes-vue-par-nikos-aliagas-expo-photo-tout-lete-sur-la-croisette/)

Bien évidemment, j’ai vu la métamorphose du boulevard Carnot, la nouvelle place du commandant Maria et les travaux entrepris par la ville à la suite des inondations catastrophiques d’octobre 2015. Je me suis entretenu, ici et là, avec différentes connaissances sur la ville de Cannes. Souvent, un nom revenait lorsque l’on évoquait cette transformation de la ville de Cannes : David Lisnard. Je me souviens de Sylvie, une de mes amies qui m’avait beaucoup parlé du jeune David en des termes élogieux lors de mon premier séjour (1999 – 2004) à Cannes. Elle lui « prédisait » même un bel avenir en politique. Bref, depuis mon retour en 2017 à Cannes, je suis David Lisnard sur les réseaux et m’informe sur ses accomplissements pour la ville de Cannes.

Au début des années 2000, David Lisnard, engagé aux côtés de Bernard Brochand (maire de Cannes de 2001 à 2014), occupe différentes fonctions au sein de la ville de Cannes telles que président du conseil d’administration du Palais des festivals et des congrès, premier adjoint au maire et élu conseiller général de Cannes. Maire de Cannes depuis 2014, David Lisnard est aussi vice-président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, président de la communauté d’agglomération Cannes Pays de Lérins et, depuis peu, président de l’association des maires de France.

Il m’apparaissait intéressant d’obtenir un peu de son temps pour m’entretenir de Cannes, de l’art à Cannes etc. Voilà c’est chose faite, je vous invite à découvrir l’essentiel de notre entretien. 

Je suis très agréablement reçu par David Lisnard dans son magnifique bureau, très lumineux, des livres partout, quelques œuvres d’art et de nombreuses affiches du festival de Cannes aux murs de son bureau ainsi qu’un punching-ball. C’est clair, l’homme est sportif et adore l’art sous toutes ses formes. Il est plutôt du genre à ne pas s’épancher sur lui tant au niveau privé qu’au niveau public. Il aimer parler, il aime s’exprimer, ce qui en fait un très bon orateur et, si vous avez la chance comme moi d’être marié par lui, vous en garderez un excellent souvenir.     

David Lisnard aime l’art et les artistes, mais au fait qu’aime-t-il exactement dans l’art ?

Si la question est vaste, il nous confie que ce « qu’il aime dans l’art, c’est ce que tout le monde aime dans l’art : le plaisir immédiat que procure une œuvre, plaisir qui peut être difficile à décrire » mais qu’il décrit pour sa part «comme une émotion esthétique qui ne se distingue pas forcément de la beauté naturelle». Il développe ensuite son point de vue sur l’art comme suit : « C’est une activité humaine, une activité de création, une activité de rupture. Ce qui crée, c’est ce qui n’existe pas, par définition, sinon ce n’est pas une création, c’est une répétition. » Et aussi : « Dès que l’on fait de l’art, on est dans l’humanité et dès que l’on nuit à l’art, on nuit à l’humanité. »

J’avoue que son raisonnement est assez complexe. Mais que pense-t-il de l’art culinaire ?

L’art est quelque chose qui doit « survivre » à son auteur et, par définition, un bon repas, fût-il celui pris dans un restaurant gastronomique étoilé au guide Michelin, ne survit pas à son auteur. Aussi, certains pourront-ils selon leur sensibilité considérer que c’est de l’art, mais de l’art éphémère.

Et l’art dans le tourisme, dans le développement d’une ville ?

La culture, c’est le domaine des œuvres d’art, alors la culture, lorsqu’elle se traduit en offre muséographique, événementielle, en offre de bien, a une dimension économique très forte. Lorsque l’on regarde les grands agrégats nationaux à l’échelle de la France, c’est 2,4 % du produit intérieur brut qui est lié au secteur culture et, dans une ville comme Cannes, la culture est un vecteur de développement et d’attractivité de la cité. Cannes, c’est une valeur forte, c’est une attractivité importante, c’est une marque mondiale, c’est la ville française la plus connue au monde après Paris et notamment grâce à son festival.

Bien entendu, il y a d’autres congrès comme le MIPTV, ou encore CannesSéries, le Midem, le festival de la publicité qui entrent tous dans le domaine des arts. Cannes est devenue dans le monde une ville très attractive par son événementiel culturel, ce qui génère au moins douze mille emplois directs, indirects et induits. Ce phénomène est aussi lié à son attractivité touristique qui, telle une spirale vertueuse, s’est développée. Un Palais des festivals a été inauguré, puis l’on a créé des événements ayant lieu dans ce palais, ce qui a généré un tourisme d’affaires qui a contribué à l’augmentation de la fréquentation des hôtels, etc.

La culture à Cannes est tournée vers les habitants, vers l’épanouissement individuel, c’est un facteur de lien social et c’est aussi un facteur de richesse et de création d’emplois.

La ville de Cannes a aussi créé deux grandes médiathèques au sein de deux quartiers, une à Ranguin qui sert également d’espace d’exposition pour des artistes, et une dans le quartier République qui est aussi un espace d’expression artistique et culturelle. Ensuite, concernant l’art dans la rue, il faut faire attention à cette expression de l’art, car cela prête souvent à confusion et peut faire gadget.

L’art dans la rue, comme a pu le pratiquer l’artiste Pierre Lamblin (voir par ailleurs) d’une façon «sauvage» reste une initiative à titre individuel, qui fait partie des traditions de l’art dans la rue et qui interpelle positivement. Ce type d’initiative n’est pas inconnu de la mairie, celle-ci tolère ce genre d’action tant que cela ne dégrade pas le bien d’autrui.

Face aux restrictions liées à la crise sanitaire, dans le domaine du tourisme, sauver le Palais des festivals et l’événementiel est l’objectif primordial de David Lisnard. Des événements vont disparaître tandis que d’autres vont voir le jour. Hélas, il va y avoir aussi des fermetures. Cependant, il y a beaucoup d’investissement dans la rénovation d’hôtels, ce qui prouve la confiance des investisseurs mondiaux dans la destination Cannes.

David Lisnard, en dehors du festival de Cannes, Cannes est-elle une ville d’art ?

Avec un grand sourire, il répond : «Je pense que Cannes est une ville d’art, même pendant le festival de Cannes, ce qui est quand même un exploit.»

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Christian Lange est un artiste et photographe belge renommé, fondateur et éditeur du site Access Cannes ® ainsi que du Magazine CHIC®. Il expose régulièrement ses œuvres dans des villes telles que Paris, Saint-Barth, Cannes et Monaco. Après plusieurs années passées à Saint-Barth, il est revenu pour s'installer définitivement à Cannes. Il a travaillé comme attaché de presse pour des tour-opérateurs de prestige et possède une vaste expérience professionnelle dans l'hôtellerie de luxe. Avec son épouse Loélia Pissot, il a conçu une plateforme de vente en ligne pour les artistes émergents et reconnus : Art Collect Store. Il est également membre de l'OMPP (Organisation mondiale de la presse périodique) depuis 1999. Carte de presse N°161.

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