Indissociables de Cannes, les îles de Lérins, dont l’appellation provient de leurs noms antiques, Lero et Lerina, cultivent un art de vivre alliant nature et spiritualité, patrimoine et vignes.
Riches d’un passé historique impressionnant, dont l’origine remonte à l’Antiquité, les îles ont connu les Ligures, les Grecs, les Romains, les Espagnols, etc. Lorsque l’on arpente les sentiers, les chemins, on découvre des vestiges de toutes ces époques et civilisations différentes.
En effet, les îles de Lérins sont un rendez-vous incontournable pour les touristes. Il est possible de se rendre sur les deux principales îles par bateau grâce à des navettes au départ de Cannes
Sur l’île Saint-Honorat, on peut visiter l’abbaye de Lérins. Les vingt-deux moines qui y sont rattachés produisent, depuis les années 1990, un vin aujourd’hui vendu dans toute l’Europe. En 2011, le vin est servi aux chefs d’État lors du sommet du G20 qui se déroule à Cannes.
L’île Sainte-Marguerite accueille une forêt domaniale de 152 hectares de pins d’Alep et d’eucalyptus centenaires ainsi qu’un étang central, l’étang du Batéguier, ce qui fait de ce lieu une réserve biologique remarquable. Au nord de l’île, le fort royal, construit sous Richelieu et renforcé plus tard par Vauban, abrite le musée de la Mer.
Sainte-Marguerite doit son nom à une chapelle élevée en l’honneur de la martyre d’Antioche. Elle abrite une forêt domaniale de 170 hectares plantée de pins et d’eucalyptus et, à l’ouest, la réserve ornithologique, classée biologique, de l’étang du Batéguier, mélange d’eau douce et d’eau salée, habitée d’oiseaux migrateurs. Un chemin de ceinture permet d’en faire le tour de crique en crique tandis que plusieurs sentiers invitent à la découverte de sa faune et de sa flore.
C’est sur cette première île que se trouve le fort royal bâti en 1617 par Richelieu. Autour de lui, sa chapelle du XVIIe siècle, son puits, ses batteries et fours à boulets. En son cœur, la prison où furent incarcérés pendant deux siècles, sans procès ni jugement, des centaines de prisonniers dont les pasteurs protestants après la révocation de l’édit de Nantes, des insurgés politiques et leurs familles, les membres de la smala de l’émir Abd-el-Kader, inhumés dans l’un des plus anciens cimetières musulmans de France.
C’est là que se trouve aussi la cellule du fameux Masque de fer. Aujourd’hui transformé en musée de la Mer, le fort royal donne l’occasion de visiter les cellules de prisonniers dont certaines ont été peintes par l’artiste Jean Le Gac en 1992.
Une seule propriété privée existe sur l’île Sainte-Marguerite. Ce lieu magique garde toute sa part de mystère : jamais le promeneur ne parvient à voir la bâtisse. Même lorsqu’il s’aventure du côté de la plage, il se heurte à un immense mur de pierres construit pour cacher les lieux. La bâtisse, appelée Villa du Gouverneur, était dernièrement disponible à la vente pour près de 45 millions d’euros.
Hormis son littoral, l’île Saint-Honorat appartient à l’abbaye de Lérins, elle est un havre de sérénité et de spiritualité. Entre le vignoble et l’architecture monastique – de l’abbaye, des chapelles et du monastère fortifié, édifice religieux autant que militaire –, l’île cultive une atmosphère apaisante propice au détachement, au recul face au tumulte du monde. L’actuelle communauté des moines cisterciens s’est installée sur l’île en 1869 et incarne seize siècles de vie monastique. Elle suit à la lettre la règle de saint Benoît. Une messe et six offices, trois heures trente de prières par jour rythment la vie de la communauté dont la principale source de revenus est la production ancestrale de vins et de liqueurs.
Un vin sacré: Syrah, Clairette, Chardonnay, Mourvèdre, Pinot noir et Viognier… Bientôt labellisés bio, six cépages sont cultivés sur huit hectares (cinq pour le vin rouge, trois pour le blanc). Les conditions climatiques exceptionnelles de l’île permettent une production annuelle variant de 35 à 40 000 bouteilles dont certaines sont servies lors des repas officiels de la présidence de la République. Le dernier dimanche d’octobre, une vente aux enchères permet de faire des dons à des associations caritatives. Élaborée à partir de 44 plantes, la liqueur Lérina (jaune ou verte), dont la production atteint les 9 000 bouteilles, fait également la réputation du savoir-faire des moines de Lérins. Sa recette, connue par un seul moine, est transmise de génération en génération. Enfin, les moines cultivent plus de 100 oliviers, produisant entre 300 et 400 litres d’huile et des parterres de lavandes mis en sachets sous le label Lavande de Lérins.
Deux compagnies maritimes proposent des navettes vers les îles depuis le port de Cannes. Il est également possible de se restaurer sur les îles de Lérins: à la Guérite et à l’Escale pour l’île Sainte-Marguerite, et à la Tonnelle pour l’île Saint-Honorat.
