Sans vouloir retracer la carrière de Jean-Michel Jarre (ce serait trop long pour cet article), disons simplement qu’il a reçu en 1978 un MIDEM Award pour son album Equinoxe. Il est aujourd’hui le parrain de la renaissance du MIDƐM+. C’est dans ce cadre que j’ai pu assister à une représentation dédiée à son album Oxymore.
24 août 1993 à Bruxelles. Jean-Michel Jarre donne un méga concert au Palais des Expositions, le jour de son 45e anniversaire. Je m’en souviens comme si c’était hier. Pour l’occasion, j’étais l’un des heureux invités du carré VIP. 19 janvier 2023, oui, oui trente ans plus tard, je suis l’un des heureux invités au concert de Jean-Michel Jarre dans le salon des Ambassadeurs du Palais des Festivals de Cannes. Jean-Michel Jarre a donc aujourd’hui 75 ans et sa musique n’a pris aucune ride.
C’est dans une ambiance clair-obscur que nous nous retrouvons tous dans une espèce de Stonehenge acoustique. L’album est présenté comme une œuvre audio immersive et innovante.
Jean-Michel Jarre nous explique avant sa représentation « qu’il faut vivre l’expérience musicale de l’album Oxymore en étant au cœur de la musique, idéalement en fermant les yeux et en nous laissant imprégner des sons et des bruits. Placer des sons à 360 degrés* dans l’espace comme des objets autour de soi est une manière complètement différente de composer, qui révolutionne la conception, la production et la diffusion de la musique. Cette œuvre m’est d’autant plus personnelle que j’ai réalisé la version immersive dans le studio Innovation de Radio France qui a accueilli le GRM** et la musique électroacoustique dès l’origine, vers le milieu du siècle dernier. C’est aussi une façon de saluer l’action du service public français, qui a toujours été un défricheur sur le plan sonore. »
De fait, les piliers acoustiques diffusent une musique, des sons, des bruits, à certains endroits seulement. Ainsi le son circule et voyage autour de nous. Nous sommes au cœur de la musique, en immersion totale avec elle. Je m’interroge subitement sur les paroles de Bernard Lavilliers « La musique est un cri qui vient de l’intérieur » (album Voleur de feu en 1986). Je ne peux m’empêcher de mettre en équation les acouphènes*** dont je souffre depuis plus de dix ans d’une façon intensive. En tout cas, moi, pendant 50 minutes, je n’ai pas subi mes acouphènes et j’ai apprécié cette découverte en immersion totale des sons et des bruits. Merci Jean-Michel Jarre et la ville de Cannes pour ce moment.
En attendant, l’album Oxymore est fantastique et révèle bien le talent de Jean-Michel Jarre, précurseur depuis Oxygène des sons et de la musique électroacoustiques. Mon seul regret : cela manquait de pop-corn.
* Sur cette vidéo nous pouvons voir un des techniciens observer les sons qui se déplacent dans un cercle. C’est en fait le processus imaginé par Jean-Michel Jarre pour ce Stonehenge acoustique.
** Groupe de recherche musicale de l’Institut national de l’audiovisuel (INA GRM), qui cherche à faire avancer la musique électroacoustique à force d’innovations, de recherches et d’avancées techniques.
*** Les acouphènes sont des bruits (sifflements, bourdonnements, grésillements, etc.) que l’on entend dans une oreille (ou les deux) ou dans sa tête sans qu’ils aient été émis par une source extérieure.
Note : Les puristes comprendront certainement quelques références musicales liées à la carrière de Jean-Michel Jarre.