Si le titre vous fait penser à la célèbre tirade d’Hamlet qui pensait qu’on subissait sa vie au lieu de la choisir, vous n’avez pas totalement tort. Mais pour bien comprendre cette métaphore il faut se mettre en condition, il faut plonger dans le vif du sujet. Alors, allons-y !
Subitement, je me souviens de mes soirées lorsque je vivais à Saint-Barth et, plus particulièrement, de ce soir où, à une terrasse avec des amies, je dégustais un bon Jack Daniel’s avec un petit Roméo et Juliet (mes cigares préférés), lorsque ma voisine de table me dit subitement : « Monsieur, savez-vous que l’alcool tue 40 000 Français chaque année ? » Et moi de répondre à cette brave dame : « Je m’en fous, je suis Belge ! » Bon, de vous à moi, c’est vrai que cette dame n’avait pas tort et Hamlet non plus d’ailleurs. Mais suis-je pour autant un alcoolique ?
Tout en discutant avec une amie de mon épouse, je lui ai posé la question. Oulalala, quelle drôle d’idée ai-je eue là ! Je vous raconte.
Mais, en préambule, je vous invite à vous souvenir d’Hamlet qui pense qu’on subit sa vie, « ne pas être », ce qui reviendrait à dire que l’on « s’arme contre » quelque chose ou quelqu’un. Pour mourir, il pense qu’on agit et qu’on prend son destin en main et donc Hamlet envisage le suicide. Sa façon de choisir sa vie, « être ». Voilà un résumé de sa célèbre tirade.
Donc, je demande à Marie-Dorée si boire un verre d’alcool fait obligatoirement de nous des alcooliques. Je pense pouvoir résumer sa réponse ainsi :
« Je suis partiellement en accord avec la définition de l’OMS sur l’alcoolodépendance qui dit : ‘L’alcoolodépendance est avérée lorsque la consommation de boissons alcoolisées devient prioritaire par rapport aux autres comportements, auparavant prédominants, chez une personne. Le désir de boire de l’alcool devient impossible à maîtriser et doit être assouvi au détriment de toute autre considération’. »
Elle poursuit, en me disant qu’elle sait de quoi elle parle en tant qu’alcoolique, bien qu’abstinente de tous produits modifiant le comportement. « La complexité de cette maladie, poursuit-elle, qui est une allergie physique à l’alcool, réside dans le fait que le côté obsessionnel soit aussi prédominant. Le phénomène dit de « craving » a lieu parce que l’alcoolique souffre aussi d’une maladie mentale qui lui dit ‘Tu n’as pas de maladie !’ »
Et de rajouter : « Si dans Hamlet il s’agit de choix moral, être ou ne pas être, dans la maladie de l’alcoolisme il s’agit de « l’a-diction ». Dire ou ne pas dire… difficile d’y répondre quand on vit dans le déni. Dans les familles d’alcooliques, dites dysfonctionnelles, il y a souvent, métaphoriquement, un éléphant à pois roses au milieu du salon dont tout le monde tait la présence. Son incongruité et sa taille sont à la mesure du déni, de « l’a-diction ». Plus on souffre et moins on en parle. C’est cette impossibilité de mettre les mots sur les maux qui est une des sources de l’addiction. »
Bon, ok, il s’agit d’un simple résumé de notre longue conversation mais, dans les faits, Marie-Dorée Delachair-Dubreuil et Célia Zambito, psychologue clinicienne, sont toutes les deux dans le rétablissement.
Elles ont réussi à sublimer leur souffrance et ses conséquences afin d’accompagner des dépendants (alcool, drogues, jeux, cyber sexe, troubles des conduites alimentaires, dépendance affective…) dans une démarche de sobriété heureuse.
Elles proposent une post-cure (pour les gens qui sortent de cure de rétablissement ou pour ceux qui n’ont pas besoin de sevrage). C’est un programme sur douze séances afin que les addicts ne se sclérosent plus au stade de la souffrance qui les rassure et qui, paradoxalement, les submerge.
Je pense profondément que ces deux personnes peuvent être utiles à quelques-uns. C’est pourquoi je vous les recommande.
En ce qui me concerne, j’ai déjà fait résilience avec mes démons, alors je garde en mémoire 1 Timothée 5.23 : « Ne continue pas à ne boire que de l’eau ; mais fais usage d’un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions. » Bon appétit.
Marie-Dorée Delachair-Dubreuil et Célia Zambito – Cabinet de psychothérapie
7 rue d’Antibes – 06400 Cannes – aller-mieux.com – Tel : 04 93 99 88 26 – Tel : 04 37 43 35 53